Maillon Manquant et Nabot Léon, escalades en fissures à Chamonix

Le granit du mont-Blanc est généralement synonyme d’excellent rocher, mais aussi d’une escalade déroutante avec des dalles techniques et engagées, et des fissures féroces (mais qui avalent bien les friends !). Cela est particulièrement vrai pour les voies Piola, et les deux itinéraires parcourus ce WE le confirment. Avec 800m d’escalade et 24 longueurs, ce ne fut que du bonheur… et de bonnes sueurs !

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La dalle emblématique de Nabot Léon

Pilier rouge de Blaitière (3170m) : Nabot Léon puis Osez joséphine, TD/II/400m.

Le parcours récent de « L’eau Rance d’Arabie » à Blaitière m’ayant convaincu de l’excellente qualité des voies de ce secteur, nous avons commencé notre week-end chamoniard par l’enchainement « Nabot Léon + Osez Joséphine » (TD, 400m). La première partie est une grande classique souvent sur-fréquentée, car elle compte parmi les voies Piola abordables de Chamonix, mais nous avons eu la chance de n’être devancés que par deux cordées parties bien plus tôt après une nuit au Plan de l’Aiguille.

La voie démarre par une longueur facile (5b) et c’est tant mieux car il fait très froid, on ne voudrait pas avoir à serrer des prises ! La seconde longueur (6a) impose par contre un réveil un peu plus brutal, elle se parcourt sans soucis pour qui sait faire des coincements de mains, sinon c’est surement plus physique… Dans ce type de voies, il est très agréable de posséder des gants de fissure, qui protègent le dessus de la main et permettent de la coincer sans trop souffrir : on peut alors abandonner l’escalade en dulfer très physique…
Après un petit errements dans L2/L3 (un relais neuf de la voie immédiatement à gauche peut induire en erreur…), et un passage délicat et expo pour retrouver la voie, nous arrivons vite sous la dalle de L4, le passage « célèbre » de cette voie qu’on retrouve à juste titre dans tous les albums photo… Magnifique dalle, à l’équipement éloigné mais qui est plus aisée qu’il n’y parait (de très bons grattons permettent de passer sereinement) !

Deux belles longueurs avec quelques pas un peu physiques mènent au sommet du pilier rouge, c’est fini pour Nabot Léon mais Joséphine s’offre à nous !

Une première longueur en IV permet de monter au sommet d’un gendarme (expo mais facile), d’où un rappel de 10m mène aux quatre longueurs de Joséphine.
On commence par une superbe fissure en 5c+, dont l’entrée demande de la détermination (mais c’est très bien protégeable !). La suite de cette fissure est superbe, plus facile, un beau trait au milieu d’une dalle lisse.
Les deux longueurs suivantes sont nettement plus faciles (5b) avec une rampe fissurée puis une cheminée très agréable à grimper.
La dernière longueur par contre mérite bien sa réputation… La cotation 6a est bien bien tassée, d’autant plus que l’équipement est parcimonieux et expo ! Elle aurait mérité des points placés un peu plus rapprochés par endroit pour éviter le risque de chuter sur vire.

La descente en rappel n’est pas très efficace pour Joséphine, le terrain n’étant pas très raide. Par contre en haut du pilier rouge, on retrouve la ligne de « Échec et Marx » qui offre une descente rapide et sans risque de coincement ! La vue sur les cordées voisines est souvent bluffante…
Après avoir récupéré nos affaires de bivouac cachées sous un rocher proche de la benne, nous nous installons bien confortablement pour une nuit sous le Peigne, un bien beau bivouac…

Gendarme rouge du Peigne (3078m) : Maillon Manquant, ED-/II/400m.

Après une approche efficace et agréable, nous franchissons facilement la rimaye qui est encore en très bon état et enfilons les chaussons au R0 sur une petite plateforme. Aujourd’hui, il fait un peu plus chaud et le rocher est plus agréable !
Le début de la voie déroule bien (attaque par la Contamine car j’avais un doute sur le topo pour L1), la troisième longueur est superbe dans des fissures bouchées : pas de difficultés mais il faut se motiver car la protection ne paraît pas toujours évidente, mais on trouve toujours ce qu’il faut. On poursuit facilement sur deux longueurs avant de venir « buter » sous le grand ressaut raide qui forme la moitié supérieure du gendarme rouge, c’est là que les choses sérieuses commencent…

Une première longueur en 6a+ donne le ton pour la suite, avec une jolie fissure puis une dalle féroce et obligatoire, il faut grimper pour aller clipper les scellements… On poursuit par une superbe fissure puis un passage délicat mais bien protégé dans des surplombs (6b), c’est très exigeant et je n’hésite pas trop à tirer sur un friend ou un scellement de temps en temps… Relais en bas d’un grand dièdre diagonal, un peu suspendu, qui met bien dans l’ambiance ! La longueur suivante est une superbe dulfer, très impressionnante vu du bas : quand on assure, on prie que le grimpeur ne tombe pas au début, sinon on servirai de crash pad !

La suite fut plus difficile pour Arnaud et moi, qui commencions à être fatigués… D’abord deux longueurs de 6a que j’espérais peu soutenues mais qui sont en fait exigeantes et physiques, avec de très beaux passages en dulfer ou coincements… Puis la longueur de 6b+, équipée pour faire une partie en « tire-clou » mais qui demande quand même de la détermination ! Surtout quand, comme Arnaud, on se trompe et qu’on part dans une variante en 7a au lieu d’aller facilement au relais !! Ce fut donc une longueur de 55m, magnifique mais qui est arrivée un peu tard pour qu’on s’y régale…
Bien rincés tous les deux à l’avant dernier relais, je donne un dernier coup de boost pour sortir au sommet, par un 5c encore très exigeant et déroutant dans sa partie « off-width », coincements de cuisse et petite sueur…
Après cette longue escalade, nous avons bien profité de la descente facile en rappel dans cette face à la superbe ambiance… 24 longueurs en un week-end, toutes très belles, on peut dire qu’on en a bien profité !

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