Formation à l’autonomie en alpinisme sur le Glacier Blanc

On dit que « l’amour ne se divise pas, il se multiplie », et c’est vrai également pour l’expérience et le bonheur, c’est ce qui fait la beauté du métier de guide ! J’ai eu le plaisir cette semaine d’accompagner pendant trois journées de formation à l’autonomie Julia, Marion, Pauline, Solène et Bastien. Trois journées de partage autour du Glacier Blanc pour transmettre ma passion et ma connaissance de la montagne. Ils ont fait leurs gammes sur les techniques d’encordement et de secours, et la manière de gérer une course : encordement long ou court, anneaux de buste, sécurité sur glacier, préparation de course (topo, carto, conditions, …), secours en crevasse, …
Ils ont fait leur premier départ de nuit, avec un levé de soleil magnifique ! Les premiers pas sur un grand glacier en altitude… Un record d’altitude pour une partie du groupe… Découvert la vie d’un refuge et de ses gardiens (merci à Anna du Refuge des Ecrins pour le long moment de partage en profitant d’une matinée pluvieuse !).

Et le quatrième jour, en autonomie, ils sont « devenus alpinistes » en réalisant seuls le Pic du Glacier Blanc, leur premier sommet ! Une belle réussite qui m’a apporté autant de joie et de fierté que la plupart des « grandes courses » que j’ai réalisées jusqu’ici, bravo et merci 😎

Sur le Glacier Blanc

Nous attaquons le stage lundi matin, après un RDV à 8h à Ailefroide et la vérification du matériel. Les sacs sont bien chargés avec l’ajout des raquettes pour faire face à un enneigement conséquent en altitude ! Depuis le Pré de Mme Carle, nous gagnons le refuge du Glacier Blanc où nous pique-niquons, puis nous démarrons la formation. Au programme du jour : encordement, anneaux de buste, et secours sur glacier. On commence l’apprentissage des différents encordement glaciaire et des anneaux de buste sur la terrasse au soleil, puis l’on fait un peu de progression en corde tendue et d’assurage sur rocher facile (assurage au becquet) pour gagner une zone bien enneigée. Nous y mettons en place le secours en crevasse, avec la réalisation d’un amarrage (corps mort), le transfert de la charge, et la réalisation du mouflage : mariner double ou mouflage boucle selon le nombre de participants au secours… Un bon repas et nous sommes vite couchés, car demain c’est petit-déjeuner à 3h avec comme objectif l’ascension de Roche Faurio ! Une longue journée de 1300m de dénivelé avec des conditions de neige difficiles…

Après une courte nuit, où le sommeil a eu du mal à trouver certains, les yeux sont collés mais la nuit est claire et tout le monde est heureux d’attaquer la journée 😉 Le regel est très médiocre, nous attaquons donc sans les crampons par un couloir avec des marches profondes, c’est un peu pénible mais de nuit on le sent moins passer et l’ambiance est belle… Nous chausserons les raquettes en arrivant au Glacier Blanc, où nous formons une cordée de 6 pour progresser en toute sécurité. C’est Bastien qui prend la tête en présence d’une bonne trace, et très vite l’ambiance devient merveilleuse avec le levé du jour !

Nous gagnons le fond du glacier et changeons d’encordement pour démarrer l’ascension de Roche Faurio, en formant trois cordées de 2. La pente devient plus forte et les raquettes atteignent leurs limites, mais nous les gardons car sinon la progression serait trop pénible, et vu l’état de la neige, le risque d’une glissade n’est pas dramatique… Ce sera l’occasion au briefing le soir de discuter des choix de progression, pas toujours évidents en alpinisme ! Le tout étant de bien peser les risques et les bénéfices… On continue dans une superbe ambiance jusqu’à l’épaule à 3600m, où nous stoppons notre ascension car physiquement cela devient trop dur pour une partie du groupe. La journée est déjà longue dans ces conditions, sans acclimatation préalable, et avec beaucoup de choses à apprendre 🙂 Mais nous avons une super vue, et c’est déjà une belle réussite pour le groupe !

On regagne le refuge dans une neige qui commence à se transformer en soupe, la dernière pente d’accès en plein soleil est une fournaise, c’est assez pénible mais l’accueil au refuge vaut l’effort. On y passe une belle aprèm, entre sieste, BD, et discussions très interessantes avec une équipe du Parc National des Écrins venu faire des relevés de carottes sur le glacier pour étudier son évolution.
Le lendemain, la météo est mauvaise : brouillard et pluie… On se lève donc « tard » pour un déjeuner à 6h, puis nous occupons la matinée par des formations. On commence par des discussions très intéressantes avec Anna l’aide gardienne, dont la journée n’est pas trop chargée pour une fois vu la météo et la fréquentation 😉 On enchaine sur la préparation d’une course et quelques éléments de carto/orientation… Puis nous profitons des escaliers abrités de la pluie pour continuer la formation : confection d’un relais et assurage, descente en rappel, et remontée sur corde dans le cadre d’une chute en crevasse. Ça fait beaucoup d’apprentissages sur ces trois journées, mais les participants sont désormais armés pour réaliser en autonomie leur premier sommet !

Mission réussie le lendemain au Pic du Glacier Blanc, qu’ils ont atteint depuis le refuge du même nom où Julia et moi les avons laissés en fin de stage. Une très belle réussite dont ils peuvent être fiers, car c’est leur tout premier sommet et ils l’ont atteint en totale autonomie ! Et dont je suis peut être encore plus fier et heureux, d’avoir su leur transmettre les bons outils pour qu’ils puissent se régaler en haute-montagne désormais 😉

Premier sommet en autonomie !

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Un commentaire sur “Formation à l’autonomie en alpinisme sur le Glacier Blanc

  1. Super article, superbe photos. Ceci me fait ressurgir des souvenir inoubliable lorsque j’étais au 159 em RIA de Briancon.
    Merci à tous

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