Aiguille de l’M, voie Couzy

L’Aiguille de l’M ne peut pas se rater depuis la vallée : bien que dominée par les Charmoz et le Grépon elle saute aux yeux. « Petit sommet » rapide d’approche et très fréquentée en temps normal, elle a retrouvé sa tranquillité avec la fermeture en semaine des remontées mécaniques ! C’est le bon moment pour une escalade redevenue sauvage et pour découvrir le très beau sentier des alpages de Blaitière, habituellement boudé par les alpinistes à l’exception de ceux qui « profitent » d’un retour trop tardif pour prendre la benne.

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Le beau dièdre lisse de L3

On démarre donc à la fraiche depuis le parking du Montenvers avec Thomas, rencontré sur un groupe d’escalade, pour une montée longue mais efficace en direction de la face Nord de l’Aiguille de l’M. Bien qu’il faille rajouter 1100m de dénivelé pour atteindre le sentier du grand balcon nord, on évite la queue aux remontées et son lot de stress. Le prix à payer pour les cuisses est donc plus que correcte, d’autant plus que le sentier est agréable et que les alpages sont magnifiques. Et on ne perd finalement que peu de temps…

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Sentier des alpages de Blaitière

La combe sous la face nord est encore bien enneigée, et les crampons n’ont pas été portés pour rien car la neige est bien regelée. On atteint donc efficacement l’attaque de la voie après un peu moins de 3h de marche et c’est avec un peu de soulagement et beaucoup de plaisir qu’on s’équipe pour attaquer la longue suite de dièdres et fissures qui va nous mener au sommet de l’M.

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Sous l’Aiguille de l’M

Malgré un printemps aux températures déjà chaudes, le rocher de la face nord « reste de glace » et c’est avec une vilaine onglée qu’on doit composer jusqu’au premier relais : ça ne facilite pas l’escalade qui est déjà exigeante contrairement à ce que peuvent laisser penser les cotations. Après les picotements et brulures de rigueur, nos extrémités bien réchauffées nous permettent de franchir avec plus d’aisance les passages surplombants physiques de la seconde longueur.
Petit bricolage tout de même au relais puisqu’en suivant les pitons et un topo laconique, j’ai débouché sur une impasse à quelques mètres du bon relai, mais séparé par une dalle lisse et surplombante… Je fais monter Thomas au bon relais et le rejoint facilement en auto-moulinette sur le piton.

La longueur suivante nous procure encore de la variété avec un premier passage délicat en dièdre-cheminée, objectivement peu difficile mais « bizarre », puis un magnifique dièdre lisse sur bossettes. C’est dans ces passages qu’on comprend le bonheur de mettre des chaussons, même si les pieds sont douloureux !
On poursuit après le relais par deux surplombs physiques et impressionnants, pourvu de la juste quantité de pitons et de bonnes prises pour être grisants. On fonce alors à la brèche par des gradins faciles pour retrouver la chaleur du soleil qui nous narguait jusqu’ici en nous frôlant par instants durant l’approche.

Le dernier ressaut est celui du contraste, puisqu’on passe d’un rocher noir et froid à une protogine orangée de toute beauté. La fissure large qui le parcourt dresse par contre un dernier obstacle très physique et dont l’escalade n’est pas toujours évidente, entre râteaux de chèvres, coincements, oppositions…

La descente par la voie normale et le col de la Bûche est ensuite sans soucis, malgré la présence de neige dans le couloir qui impose une descente prudente. Après les échelles, on peut profiter de l’enneigement pour descendre efficacement jusqu’au grand balcon nord, en étant attentif aux chutes de séracs provenant du glacier des Nantillons : nous avons du nous abriter quelques minutes le temps de laisser passer de gros glaçons qui ont fini leur courses bien loin du glacier. C’était déjà la troisième chute de séracs que nous avons pu observer en quelques heures…
De retour au parking, les cuisses ont souffert mais on en redemande de ces journées à un rythme plus naturel, et sur des sommets qui ont retrouvé leur taille !

Vous souhaitez réaliser cette course avec un guide ? N’hésitez pas à me contacter.

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