Dans le cadre de la formation de guide, nous avons eu la chance avec Aurélia et PIM de passer deux journées en rando à ski en compagnie d’Élisabeth et Patrick. Objectif : la mise en application de la conduite de groupe avec deux « clients » sous la supervision d’un prof (Jean-Sé Knoertzer) qui nous a choisi des itinéraires de rêve et offert un excellent coaching.

Mercredi soir à la bibliothèque de l’ENSA, nous faisons le point avec Jean-Sé pour décider de la rando du premier jour : Élisabeth et Patrick sont expérimentés et connaissent déjà de nombreuses randos autour de Chamonix, le choix se fixe donc sur le tour de la Pointe des Grands par le col des Autannes et le refuge Albert 1er. Un tour sauvage et alpin très complet ! Après une première prise de contact dans Chamonix, on se retrouve le lendemain au parking du tour.

On emprunte les remontées pour attaquer directement sous le lac de Charamillon, que l’on rejoint en serpentant entre les reptations : ces plaques de fond qui se forment par glissement du manteau neigeux sur un sol lisse (herbes, dalles) non gelé sont très présentes cette année suite à un automne chaud… Certaines « gueules de baleines » (nom donné aux fissures dans le manteau neigeux) sont impressionnantes !
Au dessus du lac, une belle trace monte en direction du col des Autannes dont nous parcourront les derniers 200-300m encordés en crampons.

Changement de leader au col, je prend le rôle de photographe et Aurélia nous emmène en direction du Col de la croix de Bron puis du col 3094m qui permet de descendre sur le refuge Albert 1er. L’ambiance change et nous passons d’une pente raide à un grand vallon glaciaire, avec une très belle vue sur le glacier du Tour et le Chardonnet ! On croise quelques personnes mais la course est peu fréquentée à cette période.
Pour la descente, nouveau changement de leader et c’est PIM qui encorde Élisabeth et Patrick pour descendre la pente sommitale peu enneigée, puis qui nous mène jusqu’au tour en passant sous le glacier du Tour et ses séracs. La traversée sous le glacier demande un peu de prudence pour éviter quelques reptations qui attrapent les skis, puis nous aidons Élisabeth et Patrick à descendre un couloir en neige dure qui n’invite pas à la chute… L’occasion pour nous de découvrir les techniques de « parade » en dérapage ou en virage, et le ski avec encordement en « saturno » (une sangle fait le tour du skieur pour permettre à l’encordement de bouger librement lors d’un virage).
La fin sera par contre moins agréable avec une grosse coulée à traverser et quelques difficultés dans les boules gelées…
Vendredi, Élisabeth et Patrick sont de retour en forme malgré la grosse journée de la veille et une douleur au poignet pour Élisabeth après une chute dans les boules. On avait prévu d’aller au Glacier du Mort dans les Aiguilles Rouges, mais l’arrivée d’une perturbation nous fait préférer une vallée blanche !
Un excellent choix puisque nous parcourrons l’arête de l’Aiguille du Midi sous le soleil, et la descente du « petit Envers » (une variante plus alpine de la vallée blanche, sous l’Aiguille du Plan) avec une bonne visibilité.
On fait une pause au Requin pour apprendre la confection d’un « abri sibérien », abri de fortune qui peut se construire avec peu d’épaisseur de neige et quelle que soit sa qualité. Pas simple à réaliser avec une neige « sucre en poudre » mais effectivement, ça tient debout !
On poursuit par une superbe montée en peaux le long du glacier d’Envers de Blaitière, entre une grande paroi rocheuses et des séracs massifs. Montée qui se fait encordés, ce qui nous donne l’occasion de mettre en pratique tout ce que nous avons appris depuis début Janvier.
La descente est délicieuse dans une bonne neige froide avec peu de traces, la meilleure de ces deux jours ! Beaucoup de plaisir à skier, mais aussi à voir les progrès d’Élisabeth et Patrick : c’est agréable de sentir que notre formation porte ses fruits !
Merci et bravo Élisabeth et Patrick.