Lionel Terray n’y est pas allé par quatre chemins : nous les alpinistes, nous sommes « les conquérants de l’inutile ». Passion chronophage, parfois dangereuse, réalisée en cordée mais souvent profondément égoïste, l’alpinisme quand on y pense peut présenter un tableau peu reluisant 😉 Mais c’est aussi une pratique qui nous aide à nous dépasser et nous « force » parfois à la solidarité, et certains l’ont bien compris. L’association 82 4000 solidaire en est la preuve. Son objectif : rendre accessible la haute-montagne et « partager l’alpinisme avec ceux qui n’ont pas un rond ». Une belle mission qui rend heureux les stagiaires autant que ceux qui les accueillent.
Un groupe d’alpinistes utiles et heureux
Ayant des tutorats (journées d’observation auprès de guides expérimentés) à réaliser pour la formation d’aspirant-guide, j’ai sauté sur l’occasion lorsque Christine m’a transmis un appel à bénévole de l’association, pour l’encadrement d’un groupe de jeunes mamans avec ATD quart monde. Ça faisait un moment qu’elle me parlait de « 82 4000 » avec enthousiasme, et leur esprit me plaisait beaucoup aussi…
Le rendez-vous est donné par François (le guide pour ces deux journées) à Serre-Chevalier, pour une journée via-ferrata au rocher du Bez. Dès le départ l’ambiance est excellente et Bénédicte, une des stagiaires et cuisinière-vidéaste de choc, me fait les présentations.
Nous nous élançons donc vaillamment sur le sentier d’approche, jusqu’à rencontrer un premier passage câblé sur une vire : l’enthousiasme d’une partie du groupe est douché et il faudra toute la force de persuasion des stagiaires les plus téméraires pour convaincre les autres de ne pas abandonner devant le vertige 🙂

C’est la première leçon d’humilité du jour : on oublie trop vite la chance qu’on a d’avoir pu évoluer dès l’enfance en montagne, et d’y être à l’aise. Quand on vit à Noisy ou Marseille et que l’on ne part pas en vacances, même la marche sur un sentier de montagne peut représenter une difficulté…
Ce premier obstacle effacé, nous poursuivons jusqu’au départ de la via-ferrata et tout le monde s’encorde. Les guides et les bénévoles rassurent le groupe, et nous nous élançons à l’assaut des échelles.

Les quelques passages en traversées demanderont un peu de tact et de travail à la corde, mais tout le monde fini par trouver son rythme et s’habituer à cette nouvelle activité… Une chose qui fait particulièrement plaisir, c’est que même les moins à l’aise auront trouvé la force de s’occuper de leurs partenaires et de les aider, on est bien dans le thème solidaire !
Après un interlude « famille » avec les enfants des stagiaires, qui sont gardés la journée par des animatrices d’ATD, nous reprenons la route puis le téléphérique de la Grave pour aller dormir au refuge Chancel. L’heure de marche pour atteindre le refuge n’est pas facile pour tout le monde, les jambes commencent à rechigner, mais nous atteignons notre but sans encombres et profitons d’une belle soirée de jeux et de discussions.

Si durant la soirée la préoccupation majeure fut la présence de douches et de prises pour charger les portables, le lendemain on retrouve vite le nœud du problème : il va encore falloir marcher sur le glacier de la Girose après deux journées déjà bien chargées 😀
Nous partons à quatre cordées en direction du Col de la Lauze, que nous n’atteindrons qu’à trois, la dernière équipe ayant décrété l’état de grève générale à mi-chemin.
Après une montée épuisante pour les stagiaires peu habituées et pas acclimatées, et un passage impressionnant dans une zone de crevasses sous le Pic de la Grave, tout le monde est heureux et fier d’atteindre le col, les accompagnateurs autant que les stagiaires !
Le pique-nique engloutit à la gare du téléphérique, je quitte le groupe pour aller grimper au Sélé, heureux d’avoir pendant deux journées pratiqué un alpinisme « utile », n’en déplaise à Terray 😉
Merci Aurélien, François, Patrick et tous les autres pour l’accueil et ces deux belles journées !