On parle de manger « sur le pouce » pour un repas rapidement avalé, ce qui est compliqué lorsque l’on souhaite parcourir les magnifiques itinéraires rocheux de ce grand sommet sauvage des Aiguilles Rouges ! Si le mois de Septembre est une période idéale pour aller là-haut (plutôt que sous les écroulement du massif du Mont-Blanc !), la diminution de l’amplitude horaire des bennes rend le parcours à la journée plus délicat ou moins confortable (la descente est longue jusqu’aux Praz…) : la solution idéale est alors de poser les affaires de bivouac en passant au sommet du télésiège de l’Index, et d’en profiter pour passer une seconde journée à se régaler là-haut 😉

Après avoir caché nos affaires de bivouac, nous attaquons la montée de la moraine sous la Floria à un bon rythme. C’est notre première course ensemble avec Pauline, rencontrée la veille sur un groupe whatsapp : un objectif engagé qui demande de se faire confiance, mais je n’ai jamais eu de mauvaises surprises jusqu’ici !
L’approche se passe bien, même si la tête dans le guidon nous faisons une variante pour monter sous la Glière dans du terrain pourri. Une façon de s’échauffer pour la descente dans la combe du Pouce qui n’est pas particulièrement agréable non plus. Reconnaissons tout de même que l’approche et la descente du Pouce, sauvages et un peu alpines, participent largement à la beauté de la course en lui donnant un « cachet montagne » 😉

Nous arrivons au pied de la voie des Français derrière deux cordées déjà engagées, et nous attaquons à notre tour sans jamais que les cordées ne se gênent. L’ambiance est prenante sous cette grande face parcourue par une ligne de faiblesse évidente (le dièdre emprunté par les Français) et barrée par une zone de toits austères.

L’escalade est belle tout le long, avec des longueurs qui grimpent sur un gneiss sculpté et adhérent. Tout y passe : des passages compactes, fissures, cheminée, surplombs et dièdre ! L’équipement est suffisant mais parcimonieux : des bons relais et des pitons dans les zones plus compactes, à compléter avec un jeu de friends. Les longueurs sont courtes (25/30m la plupart du temps) si on fait tous les relais, ce que je conseille pour éviter le tirage et profiter à fond de chaque section 😉
Mention spéciale pour la longueur de « cheminée lisse » qui est impressionnante vue du bas, mais qui révèle au compte goutte de franches réglettes et de bonnes protections, on s’y régale ! Même chose pour la longueur de sortie du dièdre, qui débute par un beau passage de livre ouvert, et dont la traversée aérienne est magnifique avec de l’ambiance.
Les longueurs de sorties sont encore agréables et grimpantes, mais l’itinéraire devient moins « pur » et le rocher plus lichéneux. Un moindre mal vu ce qui précède, il en faudrait beaucoup pour gâcher le plaisir ! Et puis la traversée d’arête pour retrouver le col sous la Glière est un plaisir, avec un cheminement malin en face Nord au dessus du glacier de la Floria, puis au soleil de la face Sud…
On retrouve Christine et Alex en plein apéro au bivouac de l’Index, qui profitent de la vue après leur ascension éclair de l’arête SE 😉 La soirée face au massif du Mont-Blanc est un bonheur, et que dire de la perspective de ne pas descendre à pieds jusqu’à la voiture !
Le lendemain, Pauline repart avec les premiers sièges pour grimper autour d’Annecy, et moi je profite d’une journée de « vrai » repos comme « homme à tout faire » de la cordée féminine : porteur de sac, ravitailleur en eau et bonbons, assureur occasionnel… Quel plaisir aussi de laisser la tête de cordée et de rester tranquillement assis sous le relais 🙂
Nous avions prévu de parcourir « Mani Puliti », une petite grande voie adaptée à l’état « convalescent » de la cordée, mais vu l’affluence et le froid ce fut plutôt le « Nez rouge » que nous avons grimpé ;p
Malgré un brouillard qui jouera avec nous toute la journée, nous nous sommes régalé dans une belle ambiance et sur une voie qui propose quelques très belles longueurs (L1/L2/L6) !