Haâfnïouf, escalade artificielle à Presles

Si Presles est aujourd’hui un site majeur pour l’escalade « libre », ce fut pendant longtemps un terrain de prédilection pour l’ouverture de voies en « artif » : Bruno Fara et la bande des lyonnais ont sillonné la paroi, en traçant notamment « Haâfnïouf« , une voie reprise encore régulièrement en artif. C’est un petit « bricolage » qui vaut le parcours pour son ambiance (la première partie est très belle et soutenue, la fin c’est la jungle !) et le beau bivouac tout confort sur la vire du milieu (pas obligatoire, mais très sympa ! ). Contrairement aux classiques « libres » du secteur, on y sera souvent seuls et la patine n’est pas un soucis pour les étriers…

 Le hissage sur le toit

L’arrivée au parking sur le plateau de Presles est fraîche, on fait les sacs dans une ambiance givrée pour se retrouver rapidement en t-shirt au pieds de la paroi ensoleillée : le portage du sac de hissage chargé de quincaillerie est un bon échauffement… Pendant que des cordées passent avec de petits sacs contenant 12 dégaines et un coupe-vent, on réorganise notre matos : affaires de bivouac, crochets, pitons, coinceurs, étriers, bières… L’indispensable tient tout juste sur le baudrier et dans la « patate » (le sac de hissage) ;p Le mot d’ordre des deux prochains jours n’est clairement pas « sveltitude et légèreté » !!

La première longueur remonte des dièdres et petits surplombs, et demande un peu de temps pour se remettre dans le bain…  Trouver/placer un bon point, tester, poser l’étrier et la longe, monter au maximum, puis recommencer ! Quelques petites transitions « mixtes » (quand on pose enfin les mains et pieds sur le rocher entre deux points) sont plus délicates, il est toujours difficile de partir des étriers et d’y retourner au bon moment, et certains points demandent un peu plus de « subtilité » (lunules, couplage de pitons dans un trou trop évasé par le dé-pitonnage). Mais au final le plus « critique » est l’installation du relais : coupler correctement de vieux spits datant souvent de l’ouverture en 1978, organiser le joyeux bazar (les cordes d’assurage, la corde de hissage, la « patate » à stocker, l’assureur sur ses étriers et celui qui arrive ! ), pour ne pas avoir envie de tout trancher à la machette en cas de nouilles lorsque la copine repart en tête 😀

La seconde longueur est courte mais avec une belle ambiance, on franchit un petit toit sur un piton tête en bas ! La troisième est de nouveau plus longue et soutenue, avec un départ plus délicat sur pitons à poser (bien assurer le premier pour ne pas tomber sur l’assureur… Un ball-nut est utile pour éviter les pitons à l’arrachement dans des trous évasés par le pitonnage).

Dans la quatrième longueur, encore un beau morceau d’artif, Carmen s’offre un stage de voltige après avoir arraché deux micro-friends puis un bout de paroi lors de la sortie sur de mauvais gradins… Une manière subtile de me sortir de ma méditation au relais avec un petit coup de marteau (qui reste toujours pendu à une cordelette au baudrier) ! L’assurage en artif laisse du temps pour rêvasser 🙂

Deux longueurs moins raides mais parfois plus pénibles nous déposent sur la vire intermédiaire, et c’est un soulagement de retrouver du terrain horizontal et de se poser tout confort pour une longue nuit en paroi… Pour deux personnes les emplacements sont royaux, avec toilettes à l’écart et surplombs pour garder un douce chaleur. C’est la récompense bien méritée pour le hissage du sac qui devient pénible à partir de la sixième longueur (arrivée à la vire) et jusqu’au sommet…

Après une longue nuit où nous nous sommes fait chahuté par la tempête de Foehn qui se lève, nous attendons le soleil pour déjeuner au lit et nous attaquons vers 10h comme des pachas. Le programme du jour est plus pénible : fini le beau mur raide et lisse de la partie basse, au dessus de la vire c’est la jungle ! La première longueur remonte un couloir/cheminée en mauvais rocher, rien de difficile mais il faut gérer le hissage et éviter d’envoyer des volées de cailloux car certaines voies classiques sont proches (durateau par exemple).

Une belle longueur d’artif sur pitons coupe quand même les longueurs galère, et redonne un peu d’attrait ! Et puis avec la tempête de Foehn qui forcit, ça met de l’ambiance. Il faut juste bien surveiller cordes et étriers qui se sentent pousser des ailes et risquent de finir emmêlés au loin…
Reste alors une grande longueur en 5c/6a au milieu des buis, avec du beau rocher parfois mais aussi des prises tiroirs, de la terre, et encore et toujours plus de buis ! Autant dire que pour hisser le sac, en plus sans s’entendre, on s’est ré-ga-lé !!
Dommage que cette voie finisse sur une galère pareille, car sinon c’est un itinéraire tout à fait recommandable ! L’ambiance est belle, et c’est formateur : à vos étriers !

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