Traversée du Weissmies (Arête Nord / Arête SE)

Dans la famille « mais c’est pas des vacances ! », je voudrais la « course d’acclimatation »…
Récit d’une autre belle grande course dans laquelle Christine s’est retrouvé embarquée malgré la promesse de vacances « calmes » ! Une grande course bien plus facile que le Zinalrothorn cependant : cette fois nous étions acclimatés, nous avons tenu un bon horaire, et la descente était facile !

Topo – Weissmies (4023m) : Traversée Arête Nord / Arête SE, AD+/III/500m


De retour à la Weissmieshütte pour la seconde fois (nous étions déjà venu faire le grand gendarme de la Jëgigrat, et avions buté au Weissmies pour une sombre affaire d’intestins…), nous ne jouons pas au dames à 4h du matin cette fois (!!) mais partons à 3h30 pour une approche sans encombre et rondement menée (ici il n’y a pas de glacier complexe à traverser !). Nous arrivons au Lagginjoch juste à l’heure pour bénéficier d’une aurore magnifique ! C’est une bonne consolation à l’apparition d’un vent de NW encore fort et frais, qui nous obligera une fois de plus à grimper avec les gants…

Le début d’arête est peu soutenu, on alterne de courts passages dalleux avec de longues sections anneaux à la main. Le premier pas nous a cueillit à froid, il faut se réhabituer à un rocher moins granuleux qu’au Zinalrothorn !
L’escalade n’est pas aussi classe qu’à la Rothorngrat, certes, mais il est agréable d’avancer de façon palpable sur cette arête de 2 Km de long et avec des prévisions d’orages en fin de journée… Et bien que les vires gâchent parfois l’ambiance, il reste de nombreux passages esthétiques. L’atmosphère est irréelle, mêlant la brume aux couleurs chaudes du levé de soleil.

Nous nous retrouvons bien vite aux prises avec le « crux » de la voie, une dalle en 4a qui ne vaut pas du tout sa réputation ! On s’attendait à un passage délicat en adhérence en grosses, sans protections, et voilà qu’on se retrouve à grimper une joli fissure 1m à droite du fil massacré par un âne : un spit a été placé à coté d’un piton béton, un autre à coté d’une fissure parfaite (les deux ont été récemment retirés !), mais la « meilleure », c’est la personne qui a taillé plusieurs marches au marteau dans la dalle lisse alors qu’à moins d’un mètre se trouve une fissure et des réglettes pour progresser aisément en grosses…
Bref, la bêtise humaine ne cesse de surprendre, mais on s’est bien fait plaisir dans ce passage, surtout lorsque le soleil est venu lécher nos visages pour la première fois de la journée !

Au sommet de ce premier ressaut, nous avons une belle vue sur la voie normale, parcourue par des cohortes de fourmis… et surplombée par de vilains séracs ! Son parcours est très peu recommandable quand on voit les communication du CAS sur les avalanches de séracs ayant balayé la trace en 2017 et 2018. D’ailleurs la trace est couverte de dépôts de séracs sur une longue portion, ça calme !
Nous étions donc bien contents d’avoir choisi la traversée sur la SE, qui en plus permet une boucle plus sauvage et esthétique, sans reprendre les remontées.

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La voie normale, ses séracs et ses fourmis…

Débute alors la seconde moitié de l’arête, c’est ici que l’escalade commence et que nous allons pouvoir lâcher les anneaux un peu plus souvent. On enchaine de petits ressauts dalleux, souvent rayés d’une belle fissure (et notamment deux superbes « splitters » – des fissures rectilignes), de petites dé-escalade (aucun rappel nécessaire !), et des contournements faciles et courts.

Après en avoir fini avec le rocher, l’arête se termine par une petite section en neige parfois aérienne mais facile, qui mène tranquillement au sommet ! Il est agréable de varier les plaisirs. Au sommet nous discuterons avec un groupe de trois très sympa, dont un joyeux luron : encore un bon moment représentatif de ces vacances où nous avons croisé de charmantes personnes dans des lieux magnifiques.

Nous nous élançons dans la descente de l’arête SE, que Christine gère parfaitement jusqu’à ce qu’on s’offre collectivement une belle bourde en cherchant à rejoindre la neige en « raccourci » pour se laisser glisser peinards ! Terrain mouvant, et un accès à la neige barré par une vilaine pente en glace pourrie… Quand nous étions résignés à revenir sur nos pas (et à avoir perdu 30mn pour rien), nous avons pu trouver une « lunule » parfaite pour poser un petit rappel, et c’est partit pour la ramasse !!

Pour conclure cette belle journée, petites acrobaties de Christine à la Almagellehutte : un superbe refuge sous une arête de rocher parfait, bon accueil, bon rösti, et belle slack ! Puis nous enchaînons par une longue descente plus bucolique, au total, plus de 2400 m de D- avalés depuis le sommet, ça se sent quand même un peu…

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