L’Aiguille de Sialouze est une antécime du Pic Sans Nom qui, contrairement à ce dernier, est réputée pour son excellent granit. Elle offre une des belles arêtes classiques du massif des Écrins, ainsi que de très belles voies d’escalade dans une ambiance haute montagne entre Pelvoux et Ailefroide. C’était pour Cricri et moi un objectif de « longue date », une arête de difficulté parfaite pour se régaler en réversible, surtout avec notre entrainement Suisse ! Et pour couronner le tout, un superbe bivouac à la Bosse de Sialouze…

La traversée de Sialouze était déjà au programme de l’année dernière, lorsque débordant d’enthousiasme, je pensais enchaîner avec Cricri à la suite de l’arête de Coste-Rouge à l’Ailefroide Centrale… Nous avions évidemment préféré descendre pour une baignade après 2 grosses journées exigeantes physiquement et moralement !! C’est donc encore un 15 Août que nous profitons d’un bon créneau météo pour partir bien chargés d’Ailefroide, afin de poser nos duvets à la Bosse de Sialouze : une « belle ballade » de 1700m de déniv, effectuée dans la chaleur car la grasse matinée était aussi au programme ! Autant dire que la pause coca au refuge était bienvenue 🙂
La montée à la Bosse est bien sèche, mais suffisamment tracée pour ne pas être trop désagréable, en dehors de la traversée de torrent sous le Clot de l’Homme et ses séracs.
A la Bosse, nous trouvons un emplacement de bivouac perché, très confortable et avec une vue magnifique ! Les nuages bourgeonnants nous laissent observer les arêtes de Sialouze en sirotant une bière, mais nous privent des derniers rayons du soleil, alors on ne tarde pas trop à s’offrir une longue nuit de sommeil. La vue sur la voie lactée était formidable, bien que les étoiles filantes n’aient pas été au rendez-vous autant que l’année dernière…
Nous nous réveillons dans une ambiance plus fraiche, les nuages ont disparus et les duvets sont recouverts de givre, la journée s’annonce bien ! Ayant prévu le coup, on prend le petit déjeuner « au lit », ce qui est une des récompenses du bivouac 😉 Seconde récompense lorsque l’on voit une cordée dans l’approche, et qu’on se félicite d’avoir fait la partie pénible la veille !
La traversée du glacier est évidente mais nous prend un peu plus de temps que prévu, ce qui tombe bien car le soleil se lève plus tard qu’on pensait, nous attaquons donc l’arête S avec les premiers rayons en compagnie de Coralie et Seb qui nous ont rejoint 🙂
Le premier mur en III+ réveil bien à froid, puis on entre dans le rythme pour le reste de la course. Un contournement facile nous ramène sur le fil de l’arête où on repasse versant Ouest, à l’ombre. Le rocher est bon et facile à protéger, ça déroule ! C’est vraiment agréable de grimper en réversible avec Cricri, le rythme est fluide et les passages de relais se font selon l’envie et le matos… On contourne le premier gendarme versant E par une traversée sur une petite vire compacte, puis un couloir cheminée, l’itinéraire est intelligent et facile à suivre. Par contre ça grimpe beaucoup moins qu’on le croyait, il y a beaucoup de transitions et peu de passages aériens !
C’est Cricri qui s’attaque au second gendarme, joli passage d’escalade (III+), puis une descente facile à la brèche. Mystérieusement, un changement de leader s’opère juste sous une dalle improtégeable, on a emporté exactement la bonne quantité de matos 😉 Le troisième gendarme est facile, mais aérien et exposé. Il mène à la « dalle de 30m », joli passage d’escalade qu’on franchit par l’itinéraire en IV+ car les voisins sont encore dans le V. En grosses, c’est un peu engagé, mais ça se grimpe bien !
La suite offre de beaux passages mais qui sont entrecoupés de grosses terrasses, l’escalade est donc belle (voir superbe) mais l’ambiance est absente… Cricri s’offre un très joli dièdre en IV+, et me laisse les dalles du ressaut final : très beau cheminement dans les lignes de faiblesse, avec juste ce qu’il faut d’équipement en place !
Nous arrivons au sommet en avance sur notre timing, la cordée fonctionne particulièrement bien dans ce terrain ! La météo est encore bonne, nous avons donc l’esprit tranquille pour la suite : nous prendrons les orages sur le sentier du refuge ou au bistrot…
La traversée se poursuit par l’arête N, un rappel donne accès au pied du premier gendarme, qui se franchit par une longueur surplombante dont la cotation (IV+) peut surprendre… C’est de la grimpe montagne, il faut parfois couiner un peu 😉 Le second gendarme est très joli aussi, avec une sortie aérienne à droite ou en écart à gauche. La suite se parcours rapidement à corde tendue en évitant toutes les difficultés par la gauche, cheminement assez évident jusqu’à la brèche supérieure de Sialouze où l’on trouve le premier rappel de descente.
Nous effectuons la descente à 4 avec Seb et Coralie. Le premier peut facilement se désescalader, il faut faire attention au coincement dans le second (se décaler à droite pour tirer peut aider, attention à ne pas tomber…), et la suite déroule bien !
Nous profitons d’une belle ambiance brumeuse sur la fin du glacier, et plions nos affaires avant une descente encore longue avec les gros sacs… La pause pique-nique au refuge aide bien une fois encore !
Nous avons bien aimé la course, mais il faut avouer que nous nous attendions à plus long et plus grimpant ! C’est le soucis quand on commence à s’habituer aux grandes courses 🙂 La traversée de Sialouze reste une belle classique, peut-être un peu surcotée cependant !
Wahou, superbes photos ! Joli récit, et au passage bien joué !