Depuis le temps que Christine me tannait – à très juste titre – avec les séjours Joëlette organisés par « Handi Cap Evasion » (HCE), il était temps de faire mon baptême cet été ! La Joëlette, c’est une sorte de « fauteuil tout terrain » à une roue, avec guidon et brancards, qui permet d’accompagner une personne handicapée sur des sentiers de montagne. Un superbe moyen pour partager une semaine de vacances dans des lieux qui sont autrement inaccessibles, et une bonne ambiance quasiment garantie durant les séjours. Initiation réussie 🙂

C’est dans la Haute-Ubaye que se déroule notre séjour, la dernière semaine d’août, avec un parcours en semi-itinérance entre Fouillouse et Larche, deux charmants camps de base. A Gap nous retrouvons Jean-Lou, un des « passagers » (personnes en Joëlette), puis dans l’Ubaye on récupère le camion HCE avec tout le matériel d’intendance, et surtout un des participants clé du séjour : Charlot et ses grandes oreilles, qui aura la lourde tache de porter le matériel commun durant nos randonnées. Un rôle clé dont il profitera parfois pour faire son cinéma, et jouer le « chantage au pique-nique », mais on ne pourra pas lui en vouloir vu les charges qu’on lui a fait porter sur des sentiers parfois rudes…

Le rendez-vous est donné sur place dans l’après-midi du Samedi, afin que chacun puisse aider à l’installation du bivouac : dans un champ à la sortie du village se dresseront rapidement une grande tente marabout, une tente « WC », le parc de Charlot et un petit espace camping. L’installation fut tellement efficace qu’on était à l’apéro avant même l’arrivée des derniers ! On peut remercier la petite famille qui, intriguée par notre arrivée, nous a bien aidé…
La première journée du séjour est traditionnellement réservée à une rando d’initiation, physiquement et techniquement aisée, pour que les débutants découvrent la Joëlette et ses différents « postes » :
– La conduite à l’arrière, exercice délicat où il faut assumer l’équilibre de l’attelage et le freinage. Bien réalisé, c’est un poste moins fatiguant mais attention, une grosse erreur et on renverse tout le monde ! Nathalie, notre passagère « cobaye » en fera les frais comme à chaque séjour, on la remercie pour son dévouement !!
– La traction avant aux brancards, exercice plus simple mais qui peut être épuisant… On n’est cependant pas réduit au rôle de simple « mulet » car c’est à ce poste qu’on gère la trajectoire et l’amortissement des marches, on retrouve d’ailleurs parfois les sensations du VTT à la la descente ! Concentration utile pour ne pas transformer le passager en « bouteille d’Orangina » trop secouée…
– L’aide à la corde, pour tirer la Joëlette dans les montées, le poste qui permet de se reposer le cerveau au détriment des cuisses !

Nous partons donc de bon matin du « mauvais coté » de la vallée : l’initiation est repoussée à plus tard, nous allons profiter d’un créneau de beau temps pour bivouaquer au dessus du refuge de Chambeyron. Avec un départ directement sur sentier très raide et étroit, quelques obstacles, les débutants comme moi sont mis immédiatement dans le bain et découvrent sur le tas les subtilités de cette activité. Une démonstration complète puisque qu’entre deux lacets Michel nous offre un spectacle d’acrobatie avec une vrille piquée au dessus du sentier !
Après une longue montée, nous profitons d’une section en balcons pour pique-niquer et refaire des forces avant d’affronter un passage très technique dans des gradins rocheux, puis c’est la pause au lac du refuge de Chambeyron avec une baignade bien rafraichissante !
Le bivouac est posé un peu plus haut sous le Brec de Chambeyron, un lieu magnifique pour nous seuls et qui permet de réaliser la chance qu’on a de venir dormir ici dans ce contexte : sans une association comme HCE et l’implication de chacun cela paraitrait fou ! Mais (entre autres) Anne-Marie à l’intendance a préparé depuis longtemps de quoi redonner des forces à chacun (en plus c’est délicieux…); Yannick notre accompagnateur maitrise parfaitement l’itinéraire et la gestion du groupe; les Joëlettes malgré quelques inévitables déboires mécaniques fonctionnent à merveille; et Simone qui gère les inscriptions a su réunir un groupe qui fonctionne très bien…
Les deux journées suivantes nous voient parcourir les sentiers du lac des 9 couleurs (il en fallait bien autant pour nous récompenser de nos efforts !), ainsi que du bois de l’Eyssilloun. Nous aurons la chance d’y apercevoir des chamois (au crépuscule depuis notre bivouac) et un rapace majestueux, et de nous offrir de bonnes siestes avant le déluge qui nous accueille le quatrième soir au retour de notre « initiation » tardive.
Soirée écourtée ce jour là, mais la veille nous avions fêté l’anniversaire de Sarah avec un « cercle circassien » au son de la flute (Sarah) et de l’accordéon (Guillaume). Encore une belle expérience que cette soirée ensemble, même si la danse dans un champ avec des personnes en fauteuil n’est pas toujours une chose aisée !
La cinquième journée commence par la levée du camp de base, qui est remisé au camion le temps pour nous de traverser vers le village de Larche par le Col du Vallonet et la batterie de Viraysse, où se déroule notre second bivouac. Une étape particulièrement difficile nous attend et la météo s’annonce délicate, mais la motivation reste forte et le groupe soudé.
La montée se fait sous un léger crachin dans la partie basse, avec un sentier parfois peu marqué et très physique. Mais Yannick nous a prévenu : quand vous commencerez à trouver ça dur, c’est que ça sera encore plus dur ensuite ! En voilà un coach qui sait y faire 😉
Effectivement, alors qu’on voit le « bout du tunnel » et que le col se dessine, le sentier devient franchement délicat et il nous faut abandonner la progression simultanée pour faire passer les joëlettes deux par deux avec des équipes renforcées. On pousse, on tire, on porte. On grogne, on râle, on s’essouffle… Et avant qu’on ait le temps de dire ouf, nous voilà arrivé à un petit lac sous le col où nous faisons la pause ! Il faudra cependant patienter un peu pour manger car Charlot est resté derrière et nous rappelle à juste titre que lui aussi en bave…
On arrive aux baraquements de Viraysse sous le soleil après avoir profité d’un peu de chaleur pour sécher et regarder jouer les nombreux marmottons, et on s’installe confortablement pour profiter d’une agréable soirée dans une ambiance magnifique.
La visite de la batterie de Viraysse est faite le lendemain en aller-retour, avant de plonger sur Larche par un sentier facile et bien roulant pour un repos bien mérité !
La dernière journée de rando sera écourtée à cause de la fatigue générale et d’une chute dans le peloton, mais nous nous rattraperons lors d’une ultime soirée chaleureuse à danser au son de l’accordéon de Guillaume. Un beau point d’orgue pour ce séjour où le groupe a très bien fonctionné, et où chacun s’est régalé malgré des débuts parfois difficiles.
Entre les traits d’humours de nos passagers, les longues discussions, et les belles ballades, on n’aura pas gâché !
Pour ceux qui aiment la randonnée et les rencontres, c’est une expérience que je vous recommande chaudement, une autre façon de vivre la montagne. Il faut être prêt à participer activement à la vie du groupe, notamment pour l’aide aux passagers (toilette, habillement, repas, … Ça dépend beaucoup des passagers), mais cette facette ne doit pas faire trop peur : on est nombreux et cette responsabilité est largement diluée dans le groupe.
A voir également :
– Le compte rendu du séjour par Dédé sur le site HCE
– Une autre belle expérience handi’sport, en grande voie d’escalade avec « Deux Vauriens et une grimpeuse non-voyante »