Topo – Grand Pic de la Meije (3983m) : Traversée en bivouacs, D-/IV/900m

La Meije est justement réputée comme une des plus belles courses d’arête des Alpes. Son excellent rocher, la beauté de l’escalade, et la longueur de l’itinéraire en font un choix de premier ordre. Faire la traversée de la Meije, c’est la garantie d’un beau moment en montagne. Y dormir rehausse encore le plaisir, et permet de mieux apprécier la beauté de l’escalade. On revient avec la sensation d’avoir effectué un long voyage…

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Bivouac au sommet de la Meije

Attention : Depuis 2018, un éboulement au niveau du Glacier Carré entraîne quelques modifications d’itinéraire. Des chutes de pierres peuvent avoir lieu quand le Glacier Carré s’assèche. Demandez les infos auprès du refuge ou des guides de La Grave avant d’envisager un parcours !

Point de départ :
Depuis la Bérarde ou La Grave.

Niveau Technique :
D-/IV, 4a max et obl.

Horaires :
Sur 2 à 4 jours selon l’approche choisie.
4-6h du Promontoire au Grand Pic, 4-6h du Grand Pic à l’Aigle.

Matériel :
Jeu de friends #0.3-#1, coinceurs, sangles et 4-5 dégaines, corde 2*50m.

Stratégies :
De nombreuses stratégies sont possibles pour gravir la Meije en bivouac, selon le temps dont vous disposez (et le créneau météo bien sûr), vos capacités physiques, et votre acclimatation !

  • En 2 ou 3 jours et demi depuis la Bérarde :
    On part en fin de journée de la Bérarde pour bivouaquer au-dessus du Chatelleret (2h, nombreux emplacements confortables sur l’épaule qui domine le refuge). On peut aussi monter au Promontoire directement (4-5h).
    On monte au Grand pic le second jour (+1650m, 6-9h du Chatelleret), et on traverse à l’Aigle le troisième (4-6h).
    La nuit au refuge de l’aigle est optionnelle mais il serait dommage de se priver d’un moment dans ce magnifique refuge chargé d’histoire, cela permet aussi de descendre reposé et avec du temps pour la manip de retour à la Bérarde en stop.
    C’est pour moi la solution privilégiée, qui permet de moins souffrir de l’altitude mais surtout de s’offrir un véritable voyage durant lequel on profite pleinement de chaque instant, de l’escalade et des rencontres !
  • En 2 ou 3 jours depuis la Grave :
    On peut monter directement au sommet du Grand Pic via la première benne (+1500m, 8-11h), ou dormir aux vires du Glacier Carré (excellents emplacements, 6-8h).
    On enchainera le lendemain sur la traversée et la descente de l’Aigle.
    Pour une première journée moins physique, il est recommandé de dormir une première nuit au promontoire avant d’aller dormir au sommet.

Itinéraire :
De nombreux topos décrivent l’itinéraire de la traversée de la Meije, notamment le très bon topo Camptocamp.
Le topo ci-dessous n’est pas exhaustif mais a pour objectif de présenter l’itinéraire sous forme de récit-photo, pour découvrir ou se remémorer ce beau voyage.

Après un bivouac agréable au-dessus du Chatelleret, un levé matinal permet d’observer les frontales des alpinistes partis un peu plus tôt du Promontoire pour une ascension à la journée. La montée au Promontoire sera fraîche et agréable, et vous pourrez prendre un café au refuge avant d’attaquer la voie normale !

L’attaque se situe sur la terrasse, entre le refuge et les toilettes : on fait difficilement plus efficace. Des gradins faciles mènent très vite au Pas du crapaud (III), un petit surplomb qui mettra votre style à l’épreuve ! Ensuite, on suit le fil de l’arête facile (II-III) jusqu’à buter sous un mur raide, c’est le Campement des demoiselles.

On traverse alors à gauche en direction d’un gendarme jaune pour éviter la suite de l’arête qui se raidit, et on remonte un système de dièdres/cheminées en rive gauche du couloir Duhamel (ne pas le rejoindre de suite !). Quand on bute sur un ressaut raide, on rejoint le couloir par une rampe, et on le gravit par son fond ou sa rive droite. On débouche en haut du couloir à hauteur de la Pyramide Duhamel.

Une montée en ascendance à gauche mène à une terrasse avec emplacements de bivouacs, une dalle (II+, Dalle Castelnau) mène au pied de la Muraille Castelnau, l’ambiance est très prenante. On traverse à droite sous la muraille par un cheminement impressionnant mais aisé, pour se trouver sur une vire au pieds d’un mur de 4m qu’on franchit, le Mur Castelnau (III, relais).
On suit alors des vires inclinées à droite jusqu’à buter sur un ressaut humide issu du glacier carré. Monter quelques mètres puis repartir en ascendance à gauche par des vires et gradins. On atteint l’arête sous un bombé, le Dos d’âne (III). Relais sur une plateforme au niveau d’une vire à droite (éboulements récents), c’est la vire aux encoches.

Suivant la vire aux encoches, qui mène à une première cheminée physique (III+), on arrive à une plateforme sous la Dalle des Autrichiens. On gravit une cheminée puis un dièdre à gauche (IV-), puis on traverse la dalle sous un surplomb pour rejoindre l’arête à gauche (III-, bon relais). On suit l’arête sur quelques mètres avant de contourner un surplomb par un pas très aérien à gauche, le pas du chat (III). Une cheminée de rochers brisés mène à un superbe emplacement de bivouac ! Selon votre horaire, vous avez peut-être gagné le droit à une bonne sieste 🙂

Bien dormi ? Il est temps de repartir en direction du sommet ! Une courte escalade permet de basculer à droite, on descend 5m sur une dalle pour rejoindre des vires confortables qui mènent au Glacier Carré où on peut faire ses réserves d’eau. On remonte alors le glacier carré jusqu’à la brèche du même nom, plus ou moins aisément selon les conditions…

L’escalade de la face Ouest est le dernier morceau de cette journée, on la commence proche de l’arête puis on chemine au plus facile à sa droite, on croisera peut-être les relais chainés de la descente en rappel (ensemble de II-III). On aboutit par des gradins sous le cheval rouge, une dalle caractéristique qu’il est dur de rater (relais possible au pied) ! Après avoir chevauché la bête (III+), on passe en face Nord et on franchit un surplomb aérien, le Chapeau du capucin (III+). C’est le moment de jouer à Pile ou Face la position de leader pour l’arrivée au sommet, qui se rejoint par une arête facile….

Au sommet, le plus bel emplacement vous attend coté SE (2 personnes confort), d’autres emplacements sont présents. Couché et levé de soleil devraient vous faire oublier votre fatigue 🙂

Après cette nuit « en parenthèse », l’arrivée des premières cordées remet dans le rythme : il est l’heure d’attaquer si vous souhaitez éviter le bain de foule !
Trois rappels (40m, 40m, 30m) déposent à la brèche Zsigmondy. Une courte arête effilée mène au départ des câbles qui permettent de contourner la Dent Zsigmondy par la face N (conséquence d’un éboulement massif en 1964), via une traversée mixte puis une goulotte raide qui rejoint l’arête. Selon les conditions, deux piolets techniques seront appréciables !

Une fois franchi cet interlude ombragé, suivre facilement le fil de l’arête (quelques passages légèrement en contrebas). On trouve deux désescalades à la seconde et troisième dents (la Dent Zsigmondy est la première dent), avant de rejoindre le sommet de la quatrième dent qui présente une grande dalle lisse. Si elle est enneigée, il est possible de traverser directement à la brèche sous le Doigt de Dieu, sinon il faut faire un rappel de 40m depuis la 4ème dent.

De la brèche, on atteint facilement le sommet du Doigt de Dieu, dernier point culminant avant la descente vers le perchoir de l’Aigle. On profite d’une vue vertigineuse sur la face S, qui permet de mesure la distance parcourue la veille, le Chatelleret et le promontoire sont bien petits ! L’enchaînement des arêtes en direction du Pavé et du Pic Gaspard est tentant, mais c’est une toute autre aventure, plus sauvage…
La descente commence par une désescalade de 30m versant N, puis une courte traversée à droite mène à un relai chaîné, rappel de 35m jusqu’à une brèche. Suivre l’arête en direction de la Meije Orientale, on trouve un nouveau relais chainé sous un gendarme versant N.
Deux rappels de 25m et 50m permettent de prendre pied sur le Glacier du Tabuchet, qu’on descend pour rejoindre le refuge.

Si vous avez choisi de passer une nuit au refuge, vous pourrez vous régaler de son ambiance particulière, l’exiguïté des lieux imposant de mêler dortoir et salle commune. Vous profiterez aussi de lumières encore exceptionnelles et d’une descente plus paisible !
Quoi qu’il en soit, vous n’êtes pas prêt d’oublier ce beau voyage…

Descente :
La descente de l’Aigle est encore technique, consulter par exemple le très bon topo Camptocamp. Compter environ 3 heures.

Combiner avec d’autres courses :
Afin de prolonger ce beau voyage, vous pouvez y ajouter l’ascension de la Meije orientale (PD), voir éventuellement la traversée Meije Orientale – Pavé (AD-, itinéraire et descente délicats).

Autres Sources
Les infos du Promontoire

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